La renaissance de la maison Patou

 

Salut les bombes ! ❤

Ces dernières années ont vu renaître des maisons de couture d’antan comme les cas notables de Schiaparelli en 2012 et Courrèges en 2016. Cette année c‘est au tour de Patou d’entamer sa renaissance.

 

La maison Patou

Jean Patou, né en 1887, découvre l’univers de la mode auprès de son oncle fourreur. Après quelques années au sein de l’armée il tente l’aventure dans le milieu à plusieurs reprises : après un premier essai raté il réitère avec l’ouverture à Paris de la Maison Parry en 1912. Le créateur apprend sur le tas et propose des pièces complètement à côté des tendances de l’époque. Il parvient à se faire remarquer, notamment aux États-Unis, ce qui lui permet d’agrandir son salon de couture. C’est la naissance de la maison Jean Patou en 1914, à l’orée de la Première Guerre Mondiale. Le conflit fait interrompre son activité jusqu’au retour de Patou dans la capitale en 1919.

Il s’entoure de sa sœur Madeleine, de son beau-frère Raymond Barbas, ainsi que de figures de la jet set. Patou comprend les enjeux de son époque et les bases de la vie moderne qui sont alors en train de se poser. Il fait ainsi bénéficier ses employés de congés payés. Il organise également des défilés-spectacles pour présenter ses collections et lance le concept du monogramme.

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Livre Un Siècle de mode par Catherine Örmen aux éditions Larousse.

Sa mode percute par sa modernité, si ce n’est son avant-gardisme. Surnommé par la presse américaine « l’homme le plus élégant d’Europe », Jean Patou aurait initié le mouvement sportswear (en parallèle de sa principale rivale Coco Chanel). Rien que ça !

On attribue en effet l’invention du sportswear à ce créateur qui confectionna des pièces pratiques et élégantes pour ses clientes, comprenant les besoins de la femme moderne. Avec lui, le corps de la femme est délivré du corset. Parmi les personnalités qu’il habille : la championne de tennis Suzanne Lenglen. Joueuse atypique de par sa façon de se mouvoir telle une danseuse de ballet dans l’espace lorsqu’elle frappe la balle, Lenglen adopte des tenues confectionnées spécialement pour elle par le couturier. Une jupe midi plissée et un chandail sans manches sont sa signature stylistique et dessineront les contours du stéréotype de la tenue de joueuse de tennis.

Jean Patou meurt très tôt, en 1936, alors qu’il n’a que 48 ans. Sa maison lui survivra et sa direction artistique sera reprise par Karl Lagerfeld (1958-1963), Jean Paul Gaultier (1963-1974) et Christian Lacroix (1981-1987), entre autres. La marque finit par s’endormir, avant de se voir dépoussiérée cette saison.

 

Nouveau souffle

Ces dernières années les groupes de luxe comme LVMH s’attellent à la résurrection de ces maisons qui ont forgé le patrimoine de la mode. Jean Patou devient plus sobrement Patou et sa direction artistique est confiée à Guillaume Henry. Le jeune designer français, né en 1978, a travaillé chez Givenchy et Paule Ka, a fait revivre la maison Carven en 2009, avant d’intégrer Nina Ricci en 2015.

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Dessin d’après le lookbook Printemps/Été 2020 de Patou.

Sa première collection pour Patou a été présentée en septembre dernier lors de la Fashion Week parisienne des collections Printemps/Été 2020. La collection se compose de chemises et robes aux volumes évoquant un papillon, de pulls tricotés, de tailleurs-shorts, de robes bouffantes, de jeans, d’un manteau avec un imprimé « Venus de Botticelli » ou encore d’une veste de marin munie de grandes poches. On retrouve une base classique, aussi bien avec des pièces semblant arriver du début XXème comme des bonnets de bain revisités, que des pièces plus modernes comme des jeans flare aux ourlets retournés. L’élégance sportive est toujours au rendez-vous, abordée de manière plus contemporaine : robes à fleur et ensembles du soir se portent avec des baskets. Ces dernières sont toutefois montantes et à lacets, façon bottes de boxeuse, un modèle encore peu exploité dans la vague actuelle des sneakers. Guillaume Henry, comme Jean Patou il y a près d’un siècle, comprend à sa manière son époque et y pose un regard neuf.

 

Je suis enthousiaste que des maison de couture, symboles d’une époque merveilleuse et révolue de la mode, soient redorées aujourd’hui. Il y a quelque chose qui m’angoisse dans la prolifération actuelle de marques proposant toutes une mode très généralisée et des pièces « prêt-à-jeter ». Je trouve dans le retour de grandes maisons quelque chose de rassurant, comme si on cherchait à renouer avec une mode qualitative.

 

Quelle maison de Haute Couture aimeriez-vous voir renaître ?

 


Sources :
Catherine Örmen, Un Siècle de mode, 2018, Larousse.
Bruno Remaury (sous la direction de), Dictionnaire de la mode au XXème siècle, 1994, Éditions du Regard.
Website de Patou.

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