Salut les bombes ! ❤
En tant que blogueuse mode et grande fan de Lady Gaga, le film House of Gucci ne pouvait pas échapper à mon blog !
C’est le dernier film de Ridley Scott. Sorti en France le 24 novembre, House of Gucci relate un pan tragique de l’histoire récente de la mode. Plutôt qu’une critique ciné, j’aimerais revenir sur l’histoire de la maison Gucci contée dans ce long-métrage et en profiter pour parler de quelques-unes de ses pièces emblématiques apparaissant à l’écran. À ce propos, le film tombe à pic puisque cette année Gucci célébrait ses 100 ans !
/!\ Bien que je ne revienne pas sur toute l’intrigue, quelques spoils se glissent dans l’article !
L’histoire de(s) Gucci
Casting 5 étoiles
Pour porter cette histoire de mode et ses nombreux protagonistes il fallait bien une petite brochette d’acteurs et actrices charismatiques. Le casting était ma première motivation pour aller voir le film puisque Lady Gaga tient le premier rôle féminin. Elle incarne Patrizia Reggiani, la femme de Maurizio Gucci. Ce dernier est joué par le captivant Adam Driver, l’acteur du moment (il était aussi à l’affiche du Dernier duel de Ridley Scott). Pour incarner le père de Maurizio, Rodolfo Gucci, et son oncle, Aldo Gucci, on retrouve respectivement Jeremy Irons et l’iconique Al Pacino. Jared Leto est méconnaissable dans la peau de Paolo Gucci, fils d’Aldo et cousin de Maurizio. Inattendue, Salma Hayek est la médium Pina Auriemma. Jack Huston incarne l’avocat familial et homme d’affaires Domenico De Sole. Enfin, l’actrice française Camille Cottin (connue grâce à sa série de sketchs La Connasse pour Canal+) interprète Paola Franchi, amie d’enfance de Maurizio.
J’ai trouvé le casting brillant, chaque acteur.rice semble à sa juste place. Le film est évidemment à voir en VO pour apprécier le vrai jeu.
Le scénario : un pan de l’histoire de la mode
Le scénario de House of Gucci est inspiré d’une histoire vraie, celle qui conduisit au rachat de la maison Gucci et au meurtre de Maurizio Gucci.
On note tout de même que certains membres de la famille Gucci ont exprimé leur mécontentement face à la réalisation de ce film, adapté du livre La Saga Gucci de Sara Gay Forden paru en 2001. Le film comme le livre ne relateraient pas toute la vérité et certains choix de casting ne rendraient pas hommage aux véritables protagonistes. Un article sur Slate fait le point sur le vrai et le faux.
Comme tout biopic les faits sont évidemment romancés, les dialogues imaginés et certaines libertés sont prises pour alléger le scénario (la famille Gucci comptait en réalité un peu plus de membres), néanmoins cela donne l’occasion d’en apprendre beaucoup sur ce pan de l’histoire de mode.
Origines de la maison Gucci
La fondation de la maison Gucci est évoquée dans House of Gucci au travers d’un dialogue (très romancé et sentimental) entre l’oncle Aldo et Patrizia. Originaire de Florence, Guccio Gucci (1881-1953) part s’installer à Londres en 1897 et y travaille au sein de l’hôtel Savoy. Ses années d’expérience à côtoyer l’aristocratie et la bourgeoisie lui font cultiver le goût du luxe et lui apportent le flair nécessaire aux affaires. Après un passage à la Compagnie des wagons-lits et chez la bagagerie Franzi, Guccio ouvre sa propre boutique de bagagerie en 1921. Durant les années 30, la pénurie de cuir le rend inventif et il va alors se démarquer en utilisant des matériaux alternatifs comme le chanvre, le lin et le bambou. Il lance ses premiers accessoires et connaît un succès sur lesquels ses trois fils (deux dans le film) vont pouvoir surfer après son décès en 1953, poursuivant l’œuvre de leur père jusqu’à en faire un véritable empire.
L’arrivée fracassante de Tom Ford
[Ellipse narrative pour ne pas gâcher toute l’intrigue contée dans le film.] L’empire familial est vendu par Maurizio Gucci en 1993 à Invescorp., un groupe financier de Bahreïn. La direction créative de Gucci est confiée à Tom Ford en 1994, un jeune texan présent au sein de la maison depuis le début des années 90. C’est avec ses années chez Gucci que Tom Ford se fait connaître, repéré par la rédactrice Carine Roitfeld. On attribue au duo le lancement de l’ère porno-chic, un style ultra sexy et luxueux qui sévit du milieu des années 90 jusqu’à la toute fin des années 2000. Cette rupture dans le style de la marque, dont les membres de la famille fondatrice avaient une vision plus classique, est illustrée dans le film avec la scène du défilé de l’une des collections les plus fameuses de Tom Ford pour Gucci, celle de la saison Printemps/Été 1997. Les mannequins arborent le wet look dans des tenues, souvent transparentes, aux coupes échancrées et proches du corps, exaltant de sensualité (voire de sexualité) dont le comble est le string ficelle logotypé. Une nouvelle ère pour Gucci.
Le meurtre de Maurizio Gucci
C’est l’abandon de la société familiale, laissée aux mains d’investisseurs par Maurizio Gucci, et la possibilité de perdre son attachement au nom Gucci qui semblent avoir décidé son ex-femme Patrizia de commanditer son meurtre. Il est abattu le 27 mars 1995 de trois balles dans le dos alors qu’il montait les marches de son bureau à Milan. Patrizia est incarcérée deux ans plus tard. Elle n’a jamais avoué avoir engagé les tueurs à gage mais admet avoir voulu sa mort. Elle est aujourd’hui toujours en vie et est sortie de prison en 2013 après y avoir passé 18 ans. Le meurtre de Maurizio Gucci, qui était devenu le seul héritier de Guccio Gucci encore actif au sein de l’entreprise familiale, achève cette tragédie de la famille Gucci. La marque est depuis 1999 détenue par le groupe français Kering. Peu de maisons de mode sont aujourd’hui encore la propriété de leur famille-fondatrice.
Les costumes et accessoires
Dans tout bon film de mode (pas que), les costumes ont une importance capitale. Ceux de House of Gucci sont époustouflants. Ils ont été élaborés en partie à partir d’archives Gucci par la costumière britannique Janty Yates, qui travaille souvent avec Ridley Scott. On apprécie les élégants costumes des hommes de la famille Gucci, les tenues excentriques de Paolo, les lunettes 70’s de Maurizio, les parures Cartier portées par Lady Gaga ou encore les combinaisons de ski vintage. Mais ce que je retiens surtout, ce sont les nombreuses pièces phares de l’histoire de la marque qui sont mises en avant dans le film. En voici une liste qui je crois est malheureusement non-exhaustive (je n’ai pas pris de note au cinéma) :
La bande Web
Un bandeau vert et rouge apparaît en grand à l’écran lorsque le titre de House of Gucci s’affiche au début du film. On le retrouve sur de nombreuses pièces de la marque (petite maroquinerie, ceintures, montres, souliers…), on l’appelle la bande Web. C’est Guccio Gucci qui l’introduisit à l’univers de sa marque, s’inspirant du milieu hippique et aristocratique qu’il a côtoyé lorsqu’il était employé à l’hôtel Savoy de Londres. Le web est le nom du ceinturon enserrant le cheval de façon à garder la selle en place. Le rouge et le vert de la bande ont été choisies en référence aux couleurs de la tradition équestre anglaise. C’est en 1964 que le Web Gucci devient véritable signature, avec son apparition sur le sac Jackie.
Les mocassins à mors
Le mocassin à mors apparaît à de nombreuses reprises au cours du film, aux pieds de tous les hommes Gucci. Il s’agit d’une création d’Aldo Gucci. Amoureux d’équitation, il a l’idée en 1953 de détourner le mors des chevaux et d’en faire un motif récurent dans le vocabulaire de Gucci comme l’a fait son père avec le Web. Les mors sur les souliers des élégants deviennent un signe de reconnaissance. Le mocassin se glisse dans le vestiaire féminin dès 1967, aux pieds de Brigitte Bardot. Une scène cruciale dans le film s’attarde sur une paire de mocassins particulièrement exceptionnelle qu’Aldo reconnaît entre toutes (je n’en dis pas plus).
Le double-G et la toile monogrammée
Le logo double-G a été imaginé au début des années 50 par Aldo Gucci en hommage à son père, décédé en 1953. Les deux G sont tout simplement les initiales de Guccio Gucci. En fermoir d’or ou d’argent, le logotype entrelacé frappe également le cuir et brode les textiles. Le double-G finit par s’incruster dans la toile Diamante, créée dans les années 30, donnant naissance à la toile monogrammée maison. Le logo apparaît sur le dos de toutes les stars, contribuant à la renommée de la marque à travers le monde. La toile monogrammée Gucci rivalise avec celle de Louis Vuitton et a l’audace de dépasser largement le champ de la maroquinerie, allant jusqu’à décorer une garde-robe entière. Dans le film on voit Lady Gaga porter le motif du double-G en total-look avec un ensemble pantalon-tunique, sac Jackie 1961 assorti. Un look d’ailleurs très contemporain car Alessandro Michele, actuel directeur artistique de Gucci, réinterprète la toile logotypée chaque saison, que ce soit dans ses coloris beige d’origine ou en version dentelle.
Le foulard Flora
Il y a une scène invraisemblable où Paolo Gucci tente de convaincre son oncle Rodolfo de lui donner une place de designer au sein de Gucci. La scène se termine par la profanation d’un foulard iconique de la marque. Il s’agit du foulard Flora, un carré de soie à l’imprimé fleurs créé en 1966 pour la princesse Grace de Monaco par Rudolfo Gucci (avec le concours de l’artiste Vittorio Accornero). Il fut imaginé comme cadeau accompagnant un sac Bambou vert acheté par la princesse. Le modèle Flora a été commercialisé par la suite et existe depuis en de nombreuses itérations.
La sac Bambou
Le bambou fait partie des codes Gucci. L’usage de ce matériau commence en 1947 avec la création du modèle Bambou. En pleine pénurie de matériaux comme le précieux cuir, Guccio Gucci se montre ingénieux et imagine un sac à main dont la poignée est faite de bambou. Il sera adopté par les aristocrates et les stars (Grace Kelly bien sûr, mais aussi la reine Frederica de Grèce et Elizabeth Taylor). La matière et la forme reconnaissable du bambou s’invitent parfois sur d’autres pièces, par exemple en place de boutons. Le sac apparaît au bras de Patrizia Reggiani (alias Lady Gaga) et est au cœur de la scène de stupeur où celle-ci découvre que l’une de ses intendantes en possède un faux. Horrifiée, elle finit par trouver d’où le sac vient et fait part à son mari Maurizio de la découverte d’une multitude d’objets contrefaits. Dans le film les membres du clan Gucci n’en font pas état d’âme, la contrefaçon est le signe que la marque suscite énormément de désir, jusque dans les classes sociales à qui les articles de luxe ne sont pas destinés.
Bien qu’il ne soit pas nommé, je ne peux m’empêcher d’y voir une référence à Dapper Dan. Ce créateur s’était fait connaître dans les années 80 en proposant à la scène hip-hop des pièces falsifiées de marques de luxe comme Gucci et Louis Vuitton. Le véritable tour de force était qu’il ne s’agissait pas de copies pures, mais de nouvelles créations. Obligé de fermer boutique au début des années 90 pour contrefaçon, Dapper Dan est depuis devenu une icône. Alessandro Michele lui-même (D.A. actuel de Gucci) l’invite en 2017 pour une collection collaborative, officielle cette fois. Consécration cette année : Dapper Dan reçoit le Geoffrey Beene Lifetime Achievement Award aux CFDA Awards. Aujourd’hui les maisons de mode puisent ironiquement dans cet héritage officieux, flirtant avec l’impression de contrefaçon. Les collections récentes Gucci x Balenciaga ou Versace x Fendi en sont la preuve.
C’est ce que j’aime aussi dans le film House of Gucci : la contemporanéité qui s’en dégage malgré l’époque révolue. La mode est cyclique, se faisant constamment référence. Alessandro Michele trouve l’inspiration dans chaque période de l’histoire de Gucci, puisant autant dans les codes originels que dans l’ère Tom Ford (il a notamment présenté lors de la dernière fashion week sa version de l’ensemble en velours rouge mythique des années 90) et dans la période Frida Giannini (qu’on ne retrouve pas dans le film de Ridley Scott puisqu’elle est postérieure au meurtre de Maurizio Gucci). Gucci a de nombreuses facettes, construites sur un siècle tout rond.
Avez-vous vu House of Gucci ? Qu’en avez-vous pensé ?
Quelle pièce Gucci iconique vous ferait craquer ?
Un commentaire sur “House of Gucci : 100% iconique”